Rapport d’activités 2019

Extrait du bulletin de la SAAST 2019

Prospection-inventaire en Tournugeois – campagne 2019

Les prospections conduites sur des parcelles nouvellement mises en culture ou des secteurs anciennement parcourus par de mauvaises conditions de visibilité ont débouché sur la découverte de nouveaux sites archéologiques.

 

5 sites néolithiques sont ainsi venus compléter la carte déjà bien fournie du Tournugeois préhistorique. Deux d’entre eux sont situés dans la vallée de la Saône : le port de Farges et à Farges-lès-Mâcon et les trois autres dans la vallée du Grison : à Martailly-lès-Brancion, La Chapelle-sous-Brancion et Lalheue.

4 nouveaux sites romains ont également été repérés : à Ozenay, à Lalheue (2 sites) et à Etrigny.

 

Au Port de Farges, les Préhistoriques se sont implantés sur une éminence sableuse très proche de la rivière.

La composante lamellaire de la série rassemblée est importante avec essentiellement des lamelles brutes et des nucléus à lamelles. Le matériau mis en œuvre est souvent un silex à bryozoaires originaire du nord du Mâconnais. On pourrait attribuer ces objets à un Mésolithique finissant mais il faudra trouver des microlithes pour apporter une confirmation. En rive droite de la Saône tournugeoise, on connaît plusieurs sites installés sur des points hauts sablonneux et livrant nucléus à lamelles et lamelles (Vaivre et les Grands Pionnats à Boyer, la Grange et en Lorette à Tournus, sous Boulay à Farges). On peut se demander si l’on n’aurait pas affaire dans certains cas à un mélange de Mésolithique et de Néolithique ancien voire à des points de contact entre derniers chasseurs-cueilleurs et premiers agriculteurs.

En tout cas, ces assemblages semblent bien se rencontrer prioritairement aux abords de la Saône même si l’on en connaît sur le versant oriental du premier chaînon calcaire (La Crouze et Montmuzard à Farges) ou dans la vallée du Grison (Bourg de Laives).

GRAT 2019 nucléus et lamelles FargesNucléus à lamelles et lamelles brutes ou retouchées ramassés au Port de Farges

Sur la commune de Lalheue, la nouvelle station préhistorique découverte cette année livre un outillage qui permet de la classer au Néolithique. La composante laminaire paraît assez affirmée mais en l’absence d’armatures de flèche, il s’avère difficile de préciser à quelle phase de cette période elle pourrait se rattacher.

GRAT 2019 outillage néolithique Lalheue1- éclat retouché ; 2- éclat brut ; 3- lame brute ; 4- éclat retouché ; 5- lame brute ;
6- burin sur lame ; 7- racloir à encoche ; 8- perçoir ; 9- grattoir ; 10- coche ; 11- éclat brut

Des ramassages sur des sites connus ont apporté d’intéressantes données complémentaires permettant d’affiner leur attribution chrono-culturelle. Signalons en particulier la récolte d’un abondant mobilier lithique sur la station des M à Uchizy qui a bénéficié de conditions de visibilité idéales. Lames larges retouchées, grattoirs à museau et grattoirs-burins évoquent le mobilier ramassé en Chalonnais au lieu-dit en Roche sur la commune de Mellecey attribué comme celui des M à l’Aurignacien.

GRAT 2019 Lames UchizyLames brutes ou retouchées provenant des M à Uchizy

Les prospections conduites dans les parcelles situées au nord du site des M ont montré que l’emprise de ce site préhistorique ne s’étendait pas au-delà du ruisseau de Bettevoux. On peut y trouver toutefois de rares objets attribuables au Paléolithique supérieur ou au Néolithique comme cette hache polie tirée d’un matériau s’apparentant au métabasalte mis en œuvre essentiellement au cours du cinquième millénaire avant notre ère.

GRAT 2019 Hache polie Uchizy face GRAT 2019 Hache polie Uchizy profil

La hache polie trouvée au lieu-dit sous Bettevoux
Longueur : 6,8 cm

À Plottes, au lieu-dit en Beauvois, une vigne a été plantée dans les parcelles où des fouilles avaient été réalisées de 1983 à 1985. Nous avons entrepris de purger le terrain de ses vestiges archéologiques afin de les soustraire à des ramassages clandestins. Plus de 1 400 silex taillés ont ainsi été ramassés donnant l’occasion de remettre en lumière les caractéristiques de l’industrie lithique fournie par ce secteur du site rapporté au Néolithique moyen.

Les pointes de flèche récoltées appartiennent toutes au type à tranchant transversal avec des exemplaires de très petites dimensions qui évoquent les armatures du Néolithique ancien méditerranéen.

GRAT 2019 armatures tranchantes et lames PlottesArmatures tranchantes et segments de lames
pouvant être considérés comme des ébauches

Une nouvelle hache taillée (ou tranchet) est venue s’ajouter aux quatre exemplaires livrés par ce site. Comme eux, elle présente un lustré très net de son tranchant attestant d’un contact répété avec des matériaux meubles. Elle a pu être utilisée pour extraire de l’argile.

GRAT 2019 Hache taillée PlottesLa hache taillée avec son tranchant fortement lustré

La surveillance des travaux menés sur le petit lotissement de la Croix Léonard implanté dans une parcelle ayant fourni par le passé une modeste série lithique a prouvé qu’il pouvait subsister des restes de structures en place sous les labours. Le godet de la pelleteuse a en effet recoupé la base d’un foyer en fosse dont le fond était marqué par des pierres rougies sous l’action de la chaleur. En place à proximité de cette structure, quelques tessons de poterie non tournés et silex taillés incitent à l’attribuer à un Néolithique que la faible importance numérique du mobilier ne permet pas toutefois de déterminer plus précisément.

GRAT 2019 Plan lotissement Croix LéonardPlan du lotissement avec (rond rouge)
localisation du fond de foyer en place dans le lot B

GRAT 2019 Lotissement Croix LéonardLe décaissement réalisé dans le lot B. Photo prise en direction nord-est

GRAT 2019 Foyer lotissement Croix LéonardLes restes du foyer trahi par la présence de pierres rougies par la chaleur

Une vingtaine de silex taillés ont été retrouvés sur les tas de déblais après le lavage opéré par les pluies. La pièce la plus intéressante est une pointe de flèche losangique à retouches envahissantes à couvrantes. Elle pourrait remonter au Néolithique moyen I. On connaît des armatures du même type dans les couches anciennes de Chassey-le-Camp.

GRAT 2019 Pointe de flèche Croix LéonardLa pointe de flèche losangique ramassée sur le lot C. Longueur : 3,5 cm

Un silex non patiné, pris d’abord pour une pierre à fusil en raison de sa morphologie et du matériau mis en œuvre, serait plutôt une pierre à briquet en raison des stigmates d’usage qui affectent ses quatre côtés.

GRAT 2019 Pierres à briquet et à fusilPierre à briquet (La Croix Léonard) et pierres à fusil en silex du Berry

Une découverte insolite

M. et Mme Chevreux nous avaient appris il y a longtemps qu’ils avaient fait une découverte insolite en restaurant leur maison de campagne à Cruzille. Nous avons pu en prendre connaissance le 14 novembre 2019.

Au cours de l’année 2004, en faisant tomber les enduits d’un mur intérieur, ils ont remarqué une pierre qui n’était pas scellée. Ils ont pu la retirer facilement et ont alors constaté qu’elle servait de fermeture à une cache aménagée à l’intérieur du mur. Celle-ci ne contenait malheureusement pour eux aucun trésor monétaire mais seulement un objet étrange difficilement interprétable accompagné d’un dépôt noirâtre s’apparentant à une épaisse toile d‘araignée.

L’objet en question est constitué de 4 couches fines de feutrine ( ?) cousues ensemble par de nombreux points.

La « toile d’araignée » très épaisse inclut de nombreux restes d’insectes. Il est difficile d’admettre qu’elle se trouvait là en position primaire. Le fond d’une niche fermée presque hermétiquement par une pierre ne constitue pas en effet un lieu idéal pour tendre un piège à insectes.

GRAT 2019 - Pierre non scellée dans une maison de Cruzille La pierre non scellée visible au-dessus du placard mural

GRAT 2019 - Ouvrage de couture CruzilleL’étrange ouvrage de couture

Animations

Animations scolaires

En partenariat avec l’Office de Tourisme, la célébration du Millénaire de la consécration de l’autel de l’abbaye a été l’occasion pour la SAAST d’accueillir de très nombreuses classes de Tournus et des environs pour des ateliers arcs et voûtes au cellier de l’abbaye ou pour une animation sur la mosaïque au musée Greuze.

En avril, ce sont 6 classes de l’école Saint-Valérien de Tournus qui ont bénéficié des ateliers mosaïques après avoir visité l’abbaye.

En juin et septembre, 37 classes sont venues participer aux ateliers qui étaient couplés avec une visite de l’abbaye et de l’exposition « Quoi de neuf au Moyen Age ? ».

Par ailleurs deux classes de cinquième du collège de Tournus travaillant sur le Millénaire ont pu profiter des ateliers arcs et voûtes installés dans leur propre établissement.

Enfin, en novembre, 10 classes primaires de Mâcon ont passé une journée à Tournus avec au programme les ateliers voûtes, la visite de l’abbaye et de la ville.

5 classes ont été accueillies au Palais de Justice lors de l’exposition de GAÏA consacrée à L’homme et les minéraux pour des ateliers leur donnant l’occasion de manipuler des minéraux utilisés par les hommes préhistoriques avec notamment le silex et la marcassite pour allumer le feu.

Finalement, 60 classes représentant près de 1 500 scolaires ont été prises en charge par notre association au cours de l’année 2019.

Animations grand public

Le 2 juin, une promenade commentée de 9 km sur les vieux chemins de Mancey a permis aux nombreux participants de prendre conscience de la richesse archéologique de la commune. Cette sortie a été organisée en partenariat avec l’association Mancey Animation et Patrimoine.

Le 16 juin, dans le cadre des journées de l’archéologie, les visiteurs de l’exposition « Quoi de neuf au Moyen Age ? » ont été invités à construire des maquettes d’arcs et de voûtes dans le cellier des moines de Tournus.

GRAT 2019 Journées du PatrimoineLes ateliers voûtes installés dans le cloître pour les Journées du Patrimoine

Les 21 et 22 septembre, pour les journées du Patrimoine, plusieurs centaines de personnes ont pu bénéficier des ateliers voûtes installés dans le cloître de l’abbaye.

Le 17 octobre, nous avons présenté l’histoire de l’abbaye aux membres du SEL du Tournugeois (association d’échange local).

Le 24 octobre, à Simandre, répondant à l’invitation de l’association APFOS, nous avons brossé le tableau du Tournugeois archéologique.

Le 1er décembre, une trentaine de membres de l’association des Marcheurs de Mary sont venus passer une journée à la découverte de Tournus. Sous notre conduite, ils ont d’abord profité d’une promenade commentée en rive gauche de la Saône puis d’un exposé au local de la SAAST sur l’histoire de la ville et de son abbaye avant de terminer par une visite des lieux présentés.

Publications

Compagnon G., 2019 – « Dynamique de peuplement dans la vallée du Grison de la préhistoire à l’an mil », 20 ans d’archéologie bénévole, CDRA 71, p. 177-190

Duriaud J., 2019 – « Rapport d’activité 2018 du GRAT », Bulletin de la SAAST, tome CXVII, 2018, p. 69-80

Duriaud J., 2019 – « Les sépultures mérovingiennes fouillées par le GRAT », 20 ans d’archéologie bénévole, CDRA 71, p. 161-176

Guicheteau A., 2019 – « Découverte d’une chaussée antique à Tournus », Bulletin de la SAAST, tome CXVII, 2018, p. 81-84

Rué M., 2019 – « Le “chronomètre” de la Saône à l’épreuve du temps : la séquence holocène de la berge des Essards à Préty (Saône-et-Loire) », 20 ans d’archéologie bénévole, CDRA 71, p. 191-198

Ouvrage sur l’abbaye Saint-Philibert

Saint-Jean Vitus B., 2019 – Tournus, l’abbaye Saint-Philibert. À la découverte d’un grand site du Moyen Âge. Editions de la SAAST, 176 p.

L’ouvrage de Benjamin Saint-Jean Vitus, destiné à mettre à la portée du grand public les principales données de sa thèse consacrée à l’abbaye Saint-Philibert et au bourg monastique de Tournus, est paru fin juin. Publié par la SAAST en partenariat avec l’INRAP, ce livre compte 176 pages et 343 illustrations. Il a été tiré à 3 000 exemplaires.

Cette réalisation au budget de plus de 37 000 € a bénéficié du soutien financier de l’INRAP, de la DRAC Bourgogne, du département 71 et de la Ville de Tournus. Elle n’aurait pu voir le jour sans l’implication financière de notre association, la participation de nombreux photographes amateurs ou professionnels[1] et le travail d’infographie réalisé bénévolement par Jean-Luc Delrieu.

 

[1] En plus de l’auteur, les principaux photographes contributeurs sont : Jean-François Argaud, Jérôme Beg, Emilie Gallay-Wawrzyniak, Thierry Lindberg, Annie Picard, Jean-Louis Rajot.