Rapport d’activités 2015

Extrait du bulletin de la SAAST 2015

ARCHÉOLOGIE

La prospection-inventaire tire parti de la surveillance de travaux ainsi que  de sorties sur le terrain dans des secteurs encore mal connus où des parcelles jusqu’alors inaccessibles deviennent abordables à la suite de labours principalement. De nouveaux passages sur des sites répertoriés mais insuffisamment échantillonnés apportent également des données complémentaires permettant de mieux les cerner. Tout au long de l’année, nous profitons de renseignements émanant d’habitants de la région qui nous font part de leurs observations. Nous essayons toujours de nous rendre sur place pour vérifier leurs remarques.
 
Les animations que nous conduisons en Tournugeois n’ont d’autre but que de sensibiliser le public à la recherche archéologique et d’entretenir des liens susceptibles de déboucher sur des découvertes qui viendront affiner la connaissance de notre passé.

Prospections

Uchizy

Le site préhistorique des M. à Uchizy est le seul gisement de plein air connu en Tournugeois attribuable au Paléolithique supérieur. En 2015, les deux parcelles sur lesquelles il s’étend ont fait l’objet d’un nouveau ramassage. La série lithique récoltée avec une bonne représentation des lames est conforme aux attentes et conforte l’hypothèse d’une appartenance de l’industrie à un faciès de l’Aurignacien. La pollution néolithique est illustrée par une hache polie de grande taille tandis qu’un semis de tuiles à rebords, limité à une faible surface, trahit une présence gallo-romaine discrète.

Lames - aurignacien (Uchizy)Produits laminaires ramassés sur le site.

Plottes

La station préhistorique de B. à Plottes est sans conteste l’une des plus importantes du Tournugeois. Elle a fait l’objet de fouilles de 1982 à 1985. Cette année, une grande parcelle du site jusqu’à maintenant en bois a été défoncée pour être plantée en vigne. Les prospections ont rencontré des tessons remontés par le soc. Leur présence prouve qu’il subsistait dans ce secteur des zones déprimées recelant des vestiges archéologiques non remaniés.

Les travaux de sous-solage suivis du broyage des pierres au concasseur ont réduit pratiquement à néant les chances de retrouver dans cette zone des témoins en place de l’occupation néolithique.

broyage des pierres au concasseur (Plottes)Après le passage du broyeur, les pierres sont réduites en poussières.

Boyer

En 1991, une station néolithique avait été repérée à Boyer à l’occasion de décapages opérés sur un terrain communal. En 2008, la teppe jouxtant au sud le terrain touché par ces travaux était mise en culture et s’ouvrait ainsi à la prospection. Cette année de bonnes conditions de visibilité ont motivé un ramassage systématique pour mettre en évidence l’extension du site dans ce secteur. Le semis des silex récoltés montre que l’on atteint là la limite méridionale du gisement.

Le Villars

Sur la commune du Villars, diverses parcelles jusqu’à maintenant en pré ont été labourées puis plantées en maïs. Elles se situent pour la plupart dans les environs du site néolithique du S. Toutes ont fourni des silex taillés attribuables au Néolithique mais aucune concentration significative n’a été rencontrée. Leur semis témoigne de zones fréquentées à la périphérie d’un habitat.

Tournus

Pascal Pauget a replanté une vigne au lieu-dit en Serre sur les hauteurs de Tournus. En parcourant le terrain à la recherche d’éventuels témoins archéologiques, nous avons remarqué une cadole en ruines qui présente la particularité rare de posséder un enduit intérieur apte à la rendre plus confortable. Ce petit édifice qui mériterait une restauration se situe dans un secteur fournissant quelques silex taillés. Nos prospections dans les champs proches du sommet ne nous ont pas permis de confirmer l’existence d’une station néolithique signalée anciennement au lieu-dit Molletête, toponyme qu’Albert Bernard faisait dériver de  Moine-tête en raison de la  partie dénudée de la montagne qui pouvait évoquer une tête de moine.

Cadole (Tournus)Vue de l’intérieur de la cadole avec son enduit à la chaux.

Surveillance de travaux

Loisy

M. Desmaris nous a fait connaître la hache polie qu’il a découverte à Loisy en effectuant des travaux à proximité de sa maison d’habitation. L’outil est entier mais une forte altération de surface a effacé toute trace de polissage. Il est tiré d’une roche métamorphique que seule une analyse en lame mince permettrait de déterminer.

Hache polie (Loisy)La hache polie découverte à Loisy.

1 place des Arts à Tournus

Le sondage réalisé dans la cave du 1 place des Arts à Tournus fin 2014 a révélé la présence d’un mur très épais dont l’appareillage évoque le XIIe siècle. De longs travaux de tamisage à l’eau des sédiments prélevés à cet effet ont considérablement augmenté la liste des témoins archéologiques recueillis. Outre de nombreux restes organiques composés de pépins de raisin et de graines diverses, les refus de tamis ont permis de récolter deux méreaux du XIIIe siècle, des tesselles de mosaïques, des fragments de verre, des éléments en plomb de vitrail. L’analyse des tessons de poterie devrait venir conforter les connaissances sur l’évolution des formes céramiques du XIIe au XIVe siècle dans la région de Tournus. 

Lors des sondages conduits par l’INRAP sur le site abbatial, un tronçon du même mur a été mis au jour à une dizaine de mètres en aval de la cave. Nous avons alors prélevé pour tamisage à l’eau une vingtaine de seaux de sédiments issus de différents niveaux afin de pouvoir effectuer des comparaisons avec nos propres prélèvements issus de la cave Janinet. Si les restes de poissons sont bien représentés, aucune  graine n’a été retrouvée.

Route Tournus Saint-Gengoux

Depuis longtemps, nous nous intéressons à la route qui relie Tournus à Saint-Gengoux-le-National (D 215) considérée par beaucoup de personnes comme une voie romaine mais dont la construction ne remonte pas au-delà du milieu du XVIIIe siècle. Il s’agit pour nous de savoir si son tracé se surimpose ou non à un tracé antique. La consultation de la carte 34 tirée de l’atlas général des routes de la province de Bourgogne, commandée en 1759, et mise en ligne récemment par les Archives de Saône-et-Loire, nous a incités à conduire des prospections sur cet itinéraire. En plusieurs endroits, nous avons retrouvé les traces du chemin en service avant 1760 pour constater qu’il n’est jamais sous la route actuelle mais qu’il ne s’en éloigne jamais beaucoup.

En novembre, nous avons profité de travaux pour observer une coupe de la D 215 juste en face de l’école maternelle Charles Dard. La chaussée primitive large de 5 m est bordée de chaque côté par une ligne de pierres sur chant. Sa structure est formée d’un simple radier de pierraille fortement tassée. La voie a ensuite été rechargée à plusieurs reprises avec notamment une couche de sable rouge qui daterait de la fin du XIXe siècle.

En 1968, Michel Perrin avait étudié une partie de cette même départementale coupée par les travaux de l’autoroute. Il avait alors dégagé une surface dallée que l’on ne retrouve pas ici mais noté les mêmes pierres de bordure et retrouvé le mince niveau de sable rouge. A-t-on affaire à une voie antique qui reliait la villa de Belnay à la via Agrippa ou simplement à la route construite à la fin des années 1750 ? Il faudrait pouvoir profiter d’autres données pour pouvoir trancher.

Travaux RD 215 (Tournus)Des observations réalisées dans des conditions difficiles.

En  Baraban à Tournus

Au lieu-dit Baraban, une partie des terrains jusqu’alors occupés par des prés ont été labourés et plantés en maïs. Une prospection a repéré un épandage de pierres de petites dimensions traversant le bas du terrain. Elle se surimpose à l’anomalie linéaire visible sur les photographies aériennes et interprétée comme la via Agrippa.

Cruzille

Nous avons été contactés par des membres de l’association Cruzille Patrimoine chargés de rédiger un article sur le passé de leur commune pour le bulletin municipal. A cette occasion, nous avons pu prendre connaissance de découvertes restées inédites et se rapportant à la fin de la période médiévale : linteaux de porte gothiques, sculptures. La pièce la plus spectaculaire est  sans conteste une petite tête de femme pouvant être attribuée au XVe siècle.

Tête en calcaire - XVe siècle (Cruzille)Tête en calcaire du XVe siècle trouvée dans une cache
à Collonges, hameau de Cruzille (hauteur : 12 cm).

ANIMATIONS

Animations scolaires

24 mars – Les ustensiles de cuisine à la Préhistoire. Cet exposé donné au profit d’un CM2 de l’école Raymond Dorey de Tournus entrait dans le cadre de la préparation d’un livre sur le thème de la cuisine à travers les âges, réalisé par Claude Secondi en collaboration avec les élèves de Tournus.

25 mars – Participation à une animation sur l’église Saint-Valérien au profit d’une classe du lycée de  Tournus préparant une plaquette sur l’histoire de cet édifice.

Semaine du 18 au 22 mai – Ateliers voûtes au collège de Tournus pour 5 classes de cinquième travaillant sur le Patrimoine de la ville.

25 juin – En partenariat avec l’office de Tourisme, accueil de deux classes de Gigny au musée Greuze pour des ateliers voûtes

Animations grand public

21 mars – Conférence à Saint-Gengoux-le-National de Jacques Mattéo et Jean Duriaud sur les voies romaines en occident illustrée par des exemples tirés de la recherche régionale.

3 avril – Bilan de la prospection-inventaire 2014 présenté par Jean Duriaud dans l’auditorium du musée Greuze de Tournus.

16 avril – La conférence sur les voies romaines a été donnée aux thermes de Bourbon-Lancy par Jacques Mattéo et Jean Duriaud au profit des curistes fréquentant l’établissement.

31 mai – Sortie archéologique d’une journée en côte chalonnaise. Les membres de l’APFOS ont pu découvrir plusieurs sites importants de notre région : carrières antiques de Saint-Boil, grotte de Culles-les-Roches, éperon barré de Bissy-sur-Fley, menhirs de Saint-Clément sur Guye, nécropole mérovingienne de Curtil-sous-Burnant, tour du Châtelet au Mont Saint-Romain.

17 mai – Encadrement d’une sortie de la SAAST dédiée au Néolithique du nord du département. Au programme du matin, le spectaculaire ensemble mégalithique d’Epoigny, les dolmens de la Pierre-qui-vire à la Rochepot et du Cul-Blanc à Dezize-les-Maranges, les vestiges archéologiques de la Montagne des Trois Croix. L’après-midi a été consacrée à la visite du site de Chassey-le-Camp et du petit musée géré par l’association des Amis du Chasséen.

21 juin – Lors des journées de l’archéologie, nous sommes intervenus au musée Escale Haut-Rhône à Bregnier-Cordon pour une animation sur la Préhistoire. Près de 150 personnes dont de nombreux enfants ont pu ainsi s’initier au maniement d’outils en silex et à l’allumage du feu.

29 juin – Sortie sur les cadoles du Roy-Guillaume au profit des participants au stage « pierre sèche » mené au Lycée horticole de Tournus.

19 et 30 septembre – Participation aux journées du Patrimoine avec les ateliers voûtes installés dans la galerie nord du cloître de l’Abbaye Saint-Philibert.

27 septembre – Encadrement d’une sortie sur les roches de Solutré, Vergisson et Montsard.

17 octobre – Ateliers voûtes dans la salle pédagogique du musée Greuze dans le cadre de l’opération chasseurs de Merveilles initiée par l’office de Tourisme.

23 octobre – Animation Préhistoire au palais de Justice de Tournus à l’occasion d’une bourse d’échanges organisée par l’association de géologie Gaïa.

Les menhirs d'EpoignyLes menhirs d’Epoigny.

PUBLICATIONS, COMMUNICATION, ACCUEIL DE CHERCHEURS

Articles

  • DURIAUD J., 2015 – Rapport d’activités 2014 du GRAT, bulletin de la SAAST, tome CXII, p. 9 à 18.
  • DURIAUD J., 2015 – Une butte sableuse au lieu-dit sous Boulay, bulletin municipal de Farges, 1 p.
  • Mathieu RUÉ et Jean DURIAUD ont participé à l’écriture de l’ouvrage suivant : MARTINEAU R., PAUTRAT Y. et LEMERCIER O. (dir.), 2015 – La Préhistoire en Bourgogne, état des connaissances et bilan 1994-2005, Revue Archéologique de l’Est, 39e supplément, 320 p.

Rapport  d’opération

  • DURIAUD J., RUÉ M., 2015 – Rapport de prospection-inventaire 2014, SRA Bourgogne, GRAT.

Communication

Le 5 octobre lors de la Journée Archéologique départementale à Saint-Germain-du-Plain :

  • DURIAUD J. – Prospection-inventaire 2014 : les faits majeurs

Accueil d’étudiants et de chercheurs

Tout au long de l’année, nous sommes sollicités par des étudiants en archéologie ou des archéologues qui veulent obtenir des renseignements sur des découvertes du Tournugeois entrant dans le cadre de leurs recherches. Nous leur communiquons les données qui les intéressent et bien souvent nous les recevons afin qu’ils puissent voir le mobilier entreposé dans nos réserves. Nous avons ainsi travaillé avec :

  • Nicolas Delferrière et Anne-Laure Edme, doctorants en archéologie romaine à l’université de Bourgogne, UMR ArTeHiS 6298, pour des recherches sur le décor romain et le monde funéraire gallo-romain ;
  • Grégory Videau, archéologue à l’INRAP, pour l’étude des fragments de dolia gaulois de nos collections ;
  • Loïc Gaëtan du laboratoire Chrono-Environnement de l’Université de Franche-Comté, pour l’étude de mobilier antique récolté le long de la via Agrippa ;
  • Recha Seitz, étudiante allemande de l’université de Tübingen qui a soutenu son Master II consacré aux sondages de Senozan et commencé une thèse sur l’industrie lithique gravettienne récoltée sur ce site ;
  • Benjamin Saint-Jean Vitus, archéologue à l’INRAP, avec lequel nous entretenons des contacts étroits sur tout ce qui concerne les découvertes médiévales faites en Tournugeois.

 

Principaux partenaires du GRAT