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1019-2019…

1019 est la date que nous indique le moine tournusien Falcon pour la consĂ©cration de lâabbatiale Saint-Philibert. Sont alors en cours les travaux de ce qui reste aujourdâhui le principal monument du premier Ăąge roman en Bourgogne.
Mille ans plus tard, on montrera comment lâabbaye Saint-Philibert participait alors tout Ă la fois dâune recomposition politique au temps des premiers CapĂ©tiens, procĂ©dait dâun positionnement monastique tout Ă fait original et sâinscrivait dans une inventivitĂ© architecturale dont elle est toujours lâun des plus beaux tĂ©moins.
Les 27 et 28 septembre 2019
Vingt-cinq ans aprĂšs le colloque organisĂ© en 1994 par le CIER, 2019 est lâoccasion de croiser Ă nouveau plusieurs Ă©clairages sur ce dĂ©but du XIe siĂšcle, Ă Tournus comme en Bourgogne. Cette dĂ©marche est rĂ©sumĂ©e dans lâintitulĂ© des « Rencontres du MillĂ©naire » coorganisĂ©es les 27 et 28 septembre 2019 par la SociĂ©tĂ© des Amis des Arts et des Sciences de Tournus (SAAST) et le Centre International dâEtudes Romanes (C.I.E.R) : « Autour de la Chronique de Falcon : recomposition politique – diversitĂ© monastique – inventivitĂ© architecturale dans la Bourgogne du dĂ©but du XIe siĂšcle ».
1. Recomposition politique
Aux alentours de lâan mil, le fĂ©odalisme achĂšve la fragmentation politique du territoire. Certains « regni » tentent encore de crĂ©er des puissances rĂ©gionales (Otte-Guillaume) ou de les maintenir (royaume de Bourgogne). La guerre franco-bourguignonne (1002-1016) ramĂšne le roi capĂ©tien Robert le Pieux dans le duchĂ©, et son premier alliĂ©, Hugues de Chalon, conclut en 1019 une alliance avec Tournus.
2. Diversité monastique
Au dĂ©but du XIe siĂšcle, Cluny est toute puissante dans la rĂ©gion et bien au-delĂ , mais Tournus, plus ancienne et, entre 810 et 830, chef de file de la rĂ©forme de BenoĂźt dâAniane, nâa jamais Ă©tĂ© concernĂ©e par la rĂ©forme clunisienne. Les « Rencontres » Ă©taient donc lâoccasion de faire pour la premiĂšre fois le point sur ce qui diffĂ©rencie Tournus de Cluny, tant en ce qui concerne la rĂšgle, les orientations gĂ©o-politiques (entre Empire, royaume de Bourgogne et royaume de France), et la tutelle de lâĂ©vĂȘque.
3. Inventivité architecturale
Cette seconde dĂ©cennie du XIe siĂšcle semble ĂȘtre marquĂ©e par la rencontre particuliĂšrement fĂ©conde de plusieurs courants architecturaux qui, en Lombardie, en Catalogne, en Bourgogne du sud, donnent naissance Ă ce quâon appelle dĂ©sormais le « premier Ăąge roman », Tournus en est lâun des Ă©difices les plus reprĂ©sentatifs, avec des Ă©lĂ©ments pleinement originaux. 2019 est lâoccasion de confronter les Ă©tudes et de nouvelles hypothĂšses, ainsi que de faire le point des dĂ©couvertes archĂ©ologiques rĂ©centes. La nĂ©cropole mĂ©rovingienne attestĂ©e dans le site abbatial par de rĂ©cents sondages semble indiquer lâobjectif de prochaines fouilles : exhumer les traces de lâoratoire Saint-ValĂ©rien et comprendre ses imbrications avec les constructions philibertines successives.
Programme des « Rencontres »
- Elles ont lieu les 27 et 28 septembre 2019 et se sont tenues au « cellier des moines » de l’abbaye Saint-Philibert de Tournus.
- Les 17 intervenants ont rĂ©digĂ© un rĂ©sumĂ© de leur communication que vous trouverez ci-aprĂšs en attendant la parution des Actes dont la publication, trĂšs attendue, ne pourra pas intervenir avant le courant de l’annĂ©e 2020.
1re journée :
vendredi 27 septembre 2019,
Cellier des Moines
- 9 h 30 : Accueil – Discours inauguraux
1019 en Bourgogne
- 10 h : Falcon, écrivain de Tournus
François BOUGARD, professeur dâhistoire du Moyen Age Ă Paris-Nanterre, directeur de lâIRHT (Institut de Recherche et de lâHistoire des Textes)
Document historique, dont les rĂ©cits documentent le passĂ© dâune abbaye, la Chronique de Tournus est aussi un document littĂ©raire, oĂč se rĂ©vĂšlent les intentions, la culture et la personnalitĂ© dâun Ă©crivain. Tout au long de lâouvrage, mais plus spĂ©cialement dans sa lettre de dĂ©dicace, la charniĂšre entre ses deux grandes parties et ses sections finales, Falcon laisse entrevoir la diffĂ©rence entre deux projets littĂ©raires, celui de son abbĂ© Pierre et le sien, ainsi quâun certain talent pour les ramener Ă lâunitĂ© dans une vaste geste monastique interrogeant le sens mystĂ©rieux des Ă©vĂ©nements.
Dominique POIREL, directeur de recherche Ă lâIRHT, archiviste palĂ©ographe, docteur en histoire
Dans quel but le texte traditionnellement prĂ©sentĂ© comme la « Chronique de Falcon » a-t-il Ă©tĂ© composĂ© ? L’analyse de la lettre de dĂ©dicace de l’auteur Ă son abbĂ©, Pierre Ier, puis d’autres passages oĂč Falcon exprime ses intentions, jusqu’Ă la notice consacrĂ©e Ă Pierre lui-mĂȘme, permet de discerner entre les deux personnages une tension paisible mais fĂ©conde sur la nature et le sens du document. L’abbĂ©, qui apparaĂźt dans le texte comme un homme d’action et un administrateur, soucieux avant tout d’assurer le rayonnement temporel de son monastĂšre, demandait la mise en ordre des actes Ă©crits sur lesquels se fondent le prestige et les droits de l’abbaye. L’Ă©crivain, qui nourrit des ambitions littĂ©raires et intellectuelles et fait preuve d’une piĂ©tĂ© rĂ©elle, modernement Ă©vangĂ©lique, ajoute au projet une dimension supplĂ©mentaire : il souhaite donner un sens providentiel Ă l’histoire de son abbaye, montrer que le dĂ©sordre apparent des Ă©vĂ©nements et la discontinuitĂ© des Ă©poques ou de lieux s’unit dans un « unique ordre de raison ». Cet ordre est celui de la saintetĂ©, dont l’abbaye de Tournus thĂ©saurise ces traces concrĂštes et agissantes que sont les reliques, notamment celles des saints ValĂ©rien et Philibert.
- 10 h 45 : Le duché de Bourgogne au début du XIe siÚcle
Jean-Luc CHASSEL, maßtre de conférences en histoire du Moyen Age à Paris-Nanterre
La communication tentera de synthĂ©tiser la situation politique du duchĂ© de Bourgogne au cours des quelques dĂ©cennies qui entourent la dĂ©dicace de lâabbatiale de Tournus en 1019. Elle insistera sur les conflits qui ont agitĂ© cette rĂ©gion pendant la rĂ©union du pouvoir ducal Ă la couronne entre 1002 et 1031. Ces conflits ont opposĂ©, dâune part, le roi Robert II, soutenu par lâĂ©vĂȘque Hugues dâAuxerre, Ă©galement comte de Chalon, et, dâautre part, les comtes de MĂącon et de Besançon, Otte-Guillaume et ses fils, suivis dâun grand nombre de puissants laĂŻcs et ecclĂ©siastiques. Les troubles engendrĂ©s ont finalement renforcĂ© la puissance spirituelle et temporelle des grandes abbayes bourguignonnes. Mais leur principale consĂ©quence a Ă©tĂ© dâaccĂ©lĂ©rer la fĂ©odalisation de la sociĂ©tĂ© et la montĂ©e en puissance de lâaristocratie seigneuriale, maĂźtresse des principaux chĂąteaux.
- 11 h 15 : Les relations entre les trois Bourgognes
François DEMOTZ, docteur en histoire
Au Xe siĂšcle, les Bourgognes, duchĂ©, comtĂ© et royaume sâaffirment comme entitĂ©s distinctes mais sans conflit majeur et sans que disparaisse la grande porositĂ© entre elles. Le dĂ©but du siĂšcle suivant est au contraire une pĂ©riode riche en affrontements des deux cĂŽtĂ©s de la SaĂŽne, avec une intervention progressive de tous les souverains. Le propos est de revenir sur la chronologie de ces Ă©vĂšnements â souvent bien connus, parfois mal interprĂ©tĂ©s â et de les relire au prisme des relations entre les diffĂ©rents espaces politiques qui voisinent sur la SaĂŽne et constituent la zone des Burgundiones. Le calendrier dĂ©gagĂ© met en Ă©vidence une premiĂšre phase essentiellement bourguignonne suivie dâune internationalisation des conflits. Si le rĂ©sultat immĂ©diat est de rĂ©concilier les Bourgognes, comme lâillustre le concile de Verdun-sur-le-Doubs, le dĂ©but du XIe siĂšcle dĂ©bouche finalement sur une partition plus rigide, une individualisation de plus en plus marquĂ©e des espaces bourguignons.
- 11 h 45 : Questions
Tournus et la Bourgogne
- 14 h 30 : Retour sur la famille et les alliances dâHugues de Chalon
Christian SETTIPANI, docteur en histoire
LâĂ©vĂȘque Hugues de Chalon, qui patronna la reconstruction de lâabbaye de Tournus en 1019, est un personnage important et bien connu de lâhistoire de la Bourgogne au dĂ©but du rĂšgne capĂ©tien. Mais ses origines familiales continuent de receler des zones dâombres. Le propos de cette communication est de revenir sur ces incertitudes et aussi dâĂ©largir le champ de lâenquĂȘte en faisant part de quelques nouveautĂ©s sur les familles comtales de Bourgogne autour de lâan Mil.
- 15 h : Le chemin vers Tournus : la mémoire des pérégrinations des moines de Saint-Philibert et le réseau monastique au XIe siÚcle
Isabelle CARTRON, professeur dâhistoire et dâarchĂ©ologie mĂ©diĂ©vale Ă Bordeaux-Montaigne, Institut Ausonius UMR 5607
Lâexode des moines de Saint-Philibert au IXe siĂšcle entre Noirmoutier et Tournus est un Ă©pisode fondamental de leur histoire dâautant plus que le rĂ©seau monastique du XIe siĂšcle a fossilisĂ© ce parcours, les lieux successifs Ă©tant intĂ©grĂ©s dans la congrĂ©gation. Si nous disposons de sources contemporaines pour connaĂźtre les modalitĂ©s de ces dĂ©placements, on sait moins que deux siĂšcles plus tard, deux auteurs vont Ă nouveau se pencher sur ce passĂ© et transmettre une nouvelle vision des pĂ©rĂ©grinations. En effet, les rĂ©cits de Falcon et de lâauteur anonyme de la « translation de saint ValĂ©rien » prĂ©sentent dans un mĂȘme rĂ©cit chronologique, lâhistoire des saints et de leurs reliques. Les rĂ©cits enrichissent lâhistoire du monastĂšre pour servir son prestige, recomposer sa mĂ©moire et lui donner une nouvelle identitĂ©. Il sâagit aussi de se rĂ©approprier les lieux et de recomposer une nouvelle gĂ©ographie monastique Ă un moment oĂč la communautĂ© acquiert une vraie stabilitĂ©.
- 15 h 30 : Saint-Philibert de Tournus dans le paysage monastique bourguignon (XIe-XIIe siĂšcles)
Noelle DEFLOU-LECA, maĂźtre de confĂ©rences en histoire du Moyen Age Ă lâUniversitĂ© de Grenoble Alpes
Figure majeure du paysage monastique de Bourgogne, Saint-Philibert de Tournus occupe une place spĂ©cifique dans le maillage rĂ©gulier et dans les relations qu’il entretient avec l’aristocratie et les communautĂ©s environnantes. L’objectif de cette communication sera de mesurer l’insertion de cette abbaye dans les rĂ©seaux monastiques bourguignons et de voir en quoi l’Ă©tablissement suit, ou non, une trajectoire comparable Ă celles des grandes abbayes contemporaines qui occupent l’espace bourguignon entre les temps carolingiens et la fin du XIe siĂšcle.
- 16 h : Questions – Pause
- 16 h 30 : La circulation monĂ©taire en Bourgogne autour de lâan mil
Vincent BORREL, doctorant Ă lâENS
Alors que la premiĂšre partie du Xe siĂšcle a Ă©tĂ© marquĂ©e par de trĂšs faibles Ă©missions, les annĂ©es 960-970 voient le redĂ©marrage des frappes monĂ©taires au travers de lâĂ©mission de deniers et oboles dâargent. Câest notamment le cas en Bourgogne mĂ©ridionale oĂč les ateliers de Chalon, de MĂącon, et outre SaĂŽne de Lons et de Salins sont actifs. Les officines dâAutun et de Tournus semblent, quant Ă elles, connaĂźtre une activitĂ© nettement plus rĂ©duite. Cependant, les trouvailles montrent que la circulation monĂ©taire courante est loin dâĂȘtre composĂ©e de ces seules espĂšces.
- 17 h : La fouille de la motte castrale de Loisy
Daniel BARTHELEMY, archéologue INRAP, président du Groupe archéologique de Mùcon ; Jacqueline ARGANT, docteur en palynologie et Nicolas MEUNIER, archéologue-prospecteur déclaré au SRA
La motte de Loisy a fait l’objet d’une fouille menĂ©e de 1966 Ă 1975 par le Groupement ArchĂ©ologique du MĂąconnais, recherches dirigĂ©es par G. Berthoud et G. Hurou. Ce site est mentionnĂ© dans une charte du cartulaire de Cluny datĂ©e de 1015. Bien que rĂ©alisĂ©es sur un site en partie Ă©rodĂ© par la Seille, les fouilles ont confirmĂ© les donnĂ©es historiques en rĂ©vĂ©lant un espace occupĂ© par des Ă©lites de la sociĂ©tĂ© de la fin du Xe s. et du dĂ©but du XIe s.
- 17 h 30 : Questions
2e journée :
samedi 28 septembre 2019,
Cellier des Moines et Nef de lâabbatiale
Inventivité architecturale
- 9 h 15 : Les Xe et XIe siĂšcles Ă Lyon : architecture et sculpture
Jean-François REYNAUD, professeur honoraire dâhistoire de lâart et dâarchĂ©ologie mĂ©diĂ©vales, UniversitĂ© Lyon II
Les Ă©difices religieux sont nombreux dĂšs le Ve siĂšcle et ils ont Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement reconstruits mais nous manquons de documents d’archives, de fouilles et d’Ă©difices conservĂ©s en place pour apprĂ©cier l’impact du XIe siĂšcle. Pour cette Ă©poque, les Ă©glises les mieux connues sont Saint-Etienne du groupe Ă©piscopal, les anciennes basiliques funĂ©raires devenues collĂ©giales comme Saint-Just ou Saint-IrĂ©nĂ©e, les nouvelles collĂ©giales comme Saint-Paul, les abbatiales de Saint-Martin d’Ainay ou Saint-Martin et Saint-Loup de l’Ăle-Barbe. Ces Ă©glises sont originales par leur plan, leur Ă©lĂ©vation et leur dĂ©cor.
- 10 h : Les monastĂšres du Jura au XIe siĂšcle – Etat des recherches archĂ©ologiques sur Saint-Claude, Baume-les-Messieurs et Gigny
Sébastien BULLY, chargé de recherche au CNRS,
Les annĂ©es qui voient la consĂ©cration de lâabbatiale Saint-Philibert sont aussi celles dâune importante activitĂ© constructive « outre SaĂŽne » que lâon peut apprĂ©cier plus particuliĂšrement dans les monastĂšres jurassiens de Saint-Oyend de Joux (Saint-Claude), Baume(-les-Messieurs) et Gigny. Les recherches menĂ©es ces deux derniĂšres dĂ©cennies sur ces Ă©tablissements Ă travers des Ă©tudes dâarchĂ©ologie du bĂąti, des fouilles et sondages archĂ©ologiques, comme des prospections gĂ©ophysiques, permettent dâengager une relecture des choix architecturaux et topographiques mis en Ćuvre, tout en pointant leur diversitĂ© ou certaines analogies.
- 10 h 45 : De Cluny II Ă Saint-Philibert de Tournus, la question des premiers chevets romans
Christian SAPIN, directeur de recherche au CNRS
Jean Hubert dans une contribution au CongrĂšs du CIER de 1954, publiĂ©e en 1957 sous le titre « Saint-Philibert de Tournus et Cluny II », avait tentĂ© des rapprochements entre le plan des deux chevets tels qu’ils Ă©taient Ă©tablis Ă l’Ă©poque par les travaux rĂ©cents des historiens de l’art. Depuis, la connaissance de ces sites a Ă©voluĂ© considĂ©rablement. A Cluny, les derniĂšres campagnes de fouilles archĂ©ologiques (2006-2013) sur des parties du site non explorĂ©es par K. J. Conant ont donnĂ© lieu Ă des dĂ©couvertes inĂ©dites et Ă d’autres endroits Ă une relecture des donnĂ©es des annĂ©es 1930-1950. Elles ont mis en Ă©vidence notamment une Ă©volution rapide de l’Ă©laboration du chevet dans la seconde moitiĂ© du Xe siĂšcle. Sur cette base et Ă partir de travaux rĂ©cents sur d’autres chevets Ă OrlĂ©ans, Limoges ou Dijon, nous tenterons de comprendre la constitution du chevet de Saint-Philibert.
- 11 h 30 : Questions
Saint-Philibert de Tournus,
des temps carolingiens au premier Ăąge roman
- 14 h : A la recherche dâune nef perdue. ArchĂ©ologie de lâabbatiale du Xe siĂšcle (communication dans la nef de lâabbatiale)
Nicolas REVEYRON, professeur dâhistoire de lâart et dâarchĂ©ologie du Moyen Age, UniversitĂ© Lyon II.
Quâest-ce que Saint-Philibert de Tournus ? Dâabord un objet scientifique Ă©laborĂ© au cours du XIXe-XXe siĂšcle, un empilement de connaissances, dâavis, dâopinions, de jugements esthĂ©tiques qui rĂ©vĂšlent plus sur lâhistoire de lâhistoire de lâart que sur lâabbatiale et lâorganisation du monastĂšre Ă lâorĂ©e du second millĂ©naire. Ensuite un ensemble de textes beaucoup plus limpides quâon a bien voulu lâimaginer, Ă condition dâadmettre quâune source est dâabord un texte. Enfin, un objet archĂ©ologique qui se lit aisĂ©ment, Ă condition de lâaborder avec un regard neuf, dĂ©barrassĂ© des prĂ©requis, prĂ©supposĂ©s et autres prĂ©alables. Ce qui nous intĂ©resse ici, câest lâimplication de lâimaginaire dans les orientations de la recherche : lâĂ©tat des maçonneries et les formes architecturales ont jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans lâĂ©valuation sensualiste des dates de construction. Pour MĂ©rimĂ©e, en 1835 : « Lâabsence dâornement, le caractĂšre de lourdeur et de rudesse de la nef me font croire que ces parties de lâĂ©glise sont les plus anciennes. Je nâhĂ©site pas Ă penser quâelles datent du Xe siĂšcle ». Stendhal renchĂ©rit en 1838 : « LâintĂ©rieur nâest remarquable que par dâĂ©normes piliers fort bas, et qui ont jusquâĂ huit pieds de diamĂštre [âŠ] jâajouterai que les fenĂȘtres sont petites, Ă©troites et cintrĂ©es par en haut. Il est impossible de rien voir de plus massif, de plus lourd, de plus solide que les parties principales de cette Ă©glise, dont le chĆur a de lâĂ©lĂ©gance et rappelle lâarchitecture du XIIe siĂšcle ». En 1905, encore, J. Virey a Ă©crit : « DĂšs le seuil du narthex lâimpression est saisissante : Ă quel Ăąge reculĂ©, confinant encore Ă la barbarie, appartient cette construction lourde et massive oĂč quatre piliers cylindriques, Ă©normes et dâaspect trapu, supportent des voĂ»tes basses sous lesquelles la lumiĂšre pĂ©nĂštre Ă peine, parcimonieusement distribuĂ©e par des fenĂȘtres rares et Ă©troites ? ». Mais parallĂšlement, une vision rĂ©aliste des maçonneries a vite rĂ©vĂ©lĂ© des Ă©vidences dont on a rarement tenu compte. Ainsi, dĂšs 1835, MĂ©rimĂ©e reconnaissait que « Lâincendie qui dĂ©vasta le monastĂšre a dĂ» ĂȘtre impuissant contre ces masses Ă©normes [âŠ] La restauration de Bernier en 1019, se borna probablement Ă substituer dans la nef des voĂ»tes aux plafonds ». Aujourdâhui, les changements de paradigmes, le renouvellement des horizons de recherche et le dĂ©veloppement de lâarchĂ©ologie permettent de regarder dâun Ćil neuf cette abbatiale dont la nef est un rare vestige de lâarchitecture du Xe siĂšcle.
- 15 h : Le site monastique et l’Ă©glise abbatiale de Tournus au Xe et au dĂ©but du XIe siĂšcle. Chronologie des constructions et Ă©volution des occupations d’aprĂšs les donnĂ©es archĂ©ologiques rĂ©centes.
Benjamin SAINT-JEAN-VITUS, ingénieur chargé de recherches, INRAP
La mise en ordre des observations issues des Ă©tudes dâĂ©lĂ©vations, sondages et fouilles stratigraphiques effectuĂ©s par lâauteur Ă travers tout le site de lâabbaye Saint-Philibert, depuis 30 ans et jusquâĂ rĂ©cemment, permet dâesquisser une chronologie gĂ©nĂ©rale de ses constructions et occupations. Lacunes et interrogations restent nombreuses, surtout pour les pĂ©riodes hautes ; mais cette Ă©volution est balisĂ©e par une sĂ©rie de repĂšres de datation, parfois Ă©clairĂ©s par les Ă©tudes archĂ©ologiques dâautres sites souvent proches (Chalon-sur-SaĂŽne, Laives, BrancionâŠ). La mise en relation de certaines observations de terrain restĂ©es pour lâheure discontinues permet aussi de formuler quelques hypothĂšses complĂ©mentaires. Ă lâoccasion de la commĂ©moration de la consĂ©cration de 1019, cette communication cherchera, Ă partir de ce corpus de donnĂ©es, Ă faire le point sur ce quâon peut apprĂ©hender du site et de son Ă©volution, entre le Xe et la premiĂšre moitiĂ© du XIe siĂšcle Ă peu prĂšs.
- 16 h : La Bourgogne Ă lâaube de lâart roman. Styles architecturaux et arts de bĂątir
Eliane VERGNOLLE, professeur honoraire dâhistoire de lâart mĂ©diĂ©val – UniversitĂ© de Franche-ComtĂ©
La Bourgogne de l’an mil est caractĂ©risĂ©e par le dĂ©veloppement concurrent de deux styles architecturaux qui sont Ă©galement deux arts de bĂątir : d’une part des monuments construits en pierre de taille â Ă l’instar du chevet de Saint-Philibert de Tournus â, de l’autre des monuments construits en petit appareil. Les premiers font une certaine place au dĂ©cor sculptĂ©, les seconds, comme Saint-Vorles de ChĂątillon-sur-Seine, privilĂ©gient un dĂ©cor externe d’arcatures aveugles. L’exemple de Saint-BĂ©nigne de Dijon qui apparaĂźt comme une synthĂšse entre les deux courants rĂ©vĂšle toute la complexitĂ© d’une crĂ©ation architecturale encore en devenir : tandis que dans d’autres rĂ©gions, notamment dans la Bourgogne occidentale et la vallĂ©e de la Loire, la pierre de taille tendait Ă s’imposer au cours du premier tiers du XIe siĂšcle, on assistait Ă un phĂ©nomĂšne inverse dans la vallĂ©e de la SaĂŽne, avec la gĂ©nĂ©ralisation des constructions en petit appareil et dĂ©cor d’arcatures aveugles liĂ©es Ă un courant artistique prĂ©gnant dans les Alpes et le Jura â courant qualifiĂ© de « premier art roman » depuis les travaux de Puig i Cadafalch.
- 18 h : Cocktail de clĂŽture – Rencontre avec les intervenants
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Télécharger le résumé des communications mis en page en version PDF
Inscrites au programme officiel de la commĂ©moration du millĂ©naire de la consĂ©cration de l’abbatiale Saint-Philibert, les Rencontres du MillĂ©naire sont soutenues financiĂšrement par la Ville de Tournus et le Fonds EuropĂ©en de DEveloppement RĂ©gional (FEDER).
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