Rapport d’activités 2017

Extrait du bulletin de la SAAST 2017

L’évolution des pratiques agricoles tend à perturber le repérage des vestiges archéologiques dans les parcelles cultivées.
Aujourd’hui, sitôt les récoltes terminées, la plupart des terres sont hersées et ensemencées. Lorsque les pluies ont lavé les sols, les terrains ne sont plus accessibles car la germination a déjà commencé.
Pour lutter contre l’érosion des versants, de nombreuses vignes restent maintenant enherbées ou sont paillées. Elles ne constituent donc plus des secteurs de repli ouverts aux prospections tout au long de l’année.
En mai et juin, les recherches peuvent encore compter sur les champs plantés en maïs surtout si les semailles ont été suivies de pluies abondantes.
Les terrains défoncés préalablement à la plantation de vignes et qui restent nus tout l’hiver offrent également des opportunités intéressantes pour la détection de témoins du passé…

PROSPECTIONS

En 2017, les parcelles qui ont été parcourues pour la première fois ont toutes fourni quelques vestiges archéologiques mais aucun nouveau site n’a été répertorié.

Le Villars

GRAT 2017 - Le Villars - mobilier du Paléolithique moyen
Aperçu du mobilier paléolithique moyen (1re ligne : outils sur support laminaire – 2e et 3e ligne : outils sur éclat)

En 2016, nous avions repéré une petite concentration d’objets du Paléolithique moyen sur la commune du Villars. Les prospections 2017 ont confirmé ces observations et enrichi le lot d’objets se rapportant à cette période. La série lithique reste toutefois numériquement faible et il conviendra de continuer les ramassages pour bien caractériser l’industrie de ce site.

 

Les Bois Ribeaux à Mancey

Une coupe pratiquée aux Bois Ribeaux à Mancey a mis à découvert d’imposants pierriers ainsi qu’une structure énigmatique qui n’a pas manqué d’intriguer les bûcherons.

GRAT 2017 Bois Ribeaux à Mancey
L’escalier permettant l’entrée dans l’enclos des Bois Ribeaux

Il s’agit d’un enclos de 13 m de côté intérieur environ, ceint de murs très épais et dans lequel on entre par un escalier comportant sept marches. La construction de cet ensemble a demandé l’empilement d’un grand volume de pierres, extraites sur place, pour un résultat plutôt maigre. Le cadastre napoléonien de 1817 nous apprend qu’une partie des parcelles actuellement en bois étaient à cette époque des champs ou des vignes. On aurait affaire ici au résultat d’un travail colossal destiné à tirer parti d’un terrain minuscule qui a dû être planté en vigne.

Les Bruyères (Ozenay), le Perron (Vers)

GRAT 2017 silex pris dans les racines d'un chablis à Ozenay
Silex pris dans les racines d’un chablis (Ozenay)

Deux nouveaux sites sont venus s’ajouter à la liste déjà bien fournie des gisements de silex naturels du Tournugeois.

GRAT 2017 - nappe de silex recoupée par des travaux à Ozenay
Nappe de silex recoupée par les travaux (Vers)

Aux Bruyères (Ozenay), le front d’exploitation d’une ancienne carrière de sable rouge laisse voir des silex de bonne qualité tout comme les mottes soulevées par les racines des chablis gisant à proximité.
Au Perron (Vers), les travaux de construction d’une maison ont mis au jour une nappe de silex comportant des blocs de taille moyenne et de rares éclats de débitage.

La Charrette à Tournus

Fin avril, la Saône était particulièrement basse et d’une grande limpidité. Une prospection des berges de la rive gauche au nord de l’ancienne plage de Tournus a débouché sur le repérage d’une structure maçonnée affleurant la surface de l’eau. Le passage d’un bateau de croisière à ce moment-là a découvert ce mur sur une cinquantaine de mètres.

GRAT 2017 - digue basse de l’Homme d’Armes à Tournus
La partie sud de la digue basse de l’Homme d’Armes découverte lors du retrait des eaux

Il s’agit de la digue basse de l’Homme d’Armes. Cette construction fait partie des aménagements réalisés au XIXe siècle pour rétrécir le lit de la rivière à hauteur du haut-fond qui entravait la navigation. Une reconnaissance en canoé a permis de constater que l’extrémité sud de cet ouvrage courbe est encore intacte alors que sa partie médiane, plus proche du chenal, est moins bien conservée.

SURVEILLANCE DE TRAVAUX

Rue Rougelet à Tournus

GRAT 2017 - surveillance de travaux rue Rougelet à Tournus (photo Geoportail)
Vue aérienne de détail du secteur impacté par la démolition ©Géoportail (En rouge, les limites de l’ancien cimetière ; en jaune, l’emprise des démolitions)

Parmi les grands travaux décidés par la municipalité de Tournus, la création d’une résidence pour personnes âgées au sud du quartier de la Madeleine a débuté fin 2016 par la démolition de la salle du Madeleine Palace et des locaux des services techniques rue Rougelet. Ce secteur est connu pour avoir accueilli le cimetière de la paroisse Sainte-Madeleine. Sur le plan géométrique de 1811 apparaît encore l’emprise du cimetière. En 1833, la parcelle a conservé ses limites mais l’appellation cimetière a disparu.
Le report de cette emprise sur le cadastre actuel (en rouge sur la photographie aérienne) permet de constater que la création de la rue Rougelet s’est faite aux dépens de la moitié sud du cimetière et que les bâtiments qui abritaient encore très récemment les services techniques occupaient une grande partie du reste. En définitive, la zone qui pourrait receler des sépultures encore en place se trouve sous l’ancien parking et n’a pas encore été touchée par les démolisseurs. Elle sera peut-être respectée par la construction projetée. A l’emplacement des bâtiments des services techniques, les décaissements anciens pour mettre le terrain à l’horizontale ont sans doute détruit les niveaux d’inhumation.

10 rue de la Poissonnerie à Chalon-sur-Saône

GRAT 2017 - surveillance de travaux rue de la Poissonnerie à Chalon-sur-Saône
Le mur divisant en deux parties la surface sondée

L’aménagement de la cave de l’immeuble situé 10 rue de la Poissonnerie à Chalon-sur-Saône, attenant au cloître de la cathédrale Saint-Vincent, a rencontré des témoins céramiques et osseux attribuables à la période augustéenne. Un sondage de 2 m² justifié par la pose d’un drain a révélé la présence d’un mur antique d’une orientation différente de celles du parcellaire actuel. Un horizon archéologique riche en mobilier céramique et ossements a été mis au jour sous une couche de démolition issue d’un bâtiment romain. Trois carottages ont été réalisés pour atteindre les couches sous-jacentes au niveau antique. Une couche d’argile de 60 cm d’épaisseur surmonte un horizon très noir fortement chargé en matières organiques (herbes, bois).
Des analyses palynologiques et une étude des macro-restes devraient expliquer la mise en place de ces sédiments et donner une image de l’environnement au moment de l’installation des premières constructions romaines.
Les résultats de ces travaux viendront compléter très utilement les données recueillies par l’INRAP lors des fouilles conduites dans le cloître en 2016.

Saint-Aubin à Etrigny

GRAT 2017 sépulture à Etrigny
La sépulture en cours de dégagement

En creusant dans son bûcher à Etrigny, Dominique Grosjean a mis au jour des ossements humains associés à des pierres sur chant. Une fois convaincu d’être en présence d’une sépulture, il a arrêté ses travaux et pris contact avec le GRAT. La structure évoquant une tombe du haut Moyen Age, nous avons demandé au SRA et obtenu l’autorisation de la fouiller. Les décapages ont révélé un caisson fort bien construit avec un fond dallé. Une première inhumation d’un adulte a été suivie, après une réduction du squelette, de celle d’un enfant. Des tessons décorés à la molette en contact avec les ossements permettraient d’attribuer cette sépulture à la période mérovingienne. Les restes des individus semblent avoir souffert de remaniements avant le comblement du coffre sans doute avant l’an mille.

Une garniture de ceinture en fer ornée de quatre bossettes recouvertes de bronze constitue le seul objet accompagnant les défunts.
Des restes osseux animaux relativement frais ont été introduits dans le remplissage du caisson par des fouisseurs.

Autour de l’an mille, une fosse a été creusée juste au nord de la sépulture jusqu’au substrat caillouteux. Elle a livré de nombreux tessons de céramique formant par leur pâte et leur cuisson un ensemble très homogène.
Deux anomalies notées, l’une dans la construction des bâtiments actuels, l’autre dans l’aménagement du sol du bûcher, tendraient à montrer que l’on a volontairement cherché à préserver la sépulture au début du XIXe siècle. Une enquête sur l’origine du lieu-dit Saint-Aubin, microtoponyme d’une aire de 7 000 m², a permis de rappeler qu’une chapelle s’élevait sur ce site jusqu’en 1803, date à laquelle elle a dû être transformée en maison d’habitation après avoir été vendue comme bien national.

ÉTUDE DE COLLECTIONS PRIVÉES

Ménetreuil ou la Chapelle-Thècle

GRAT 2017 - hache de pierre (collection particulière)
La hache conservée dans la famille Greuzard

M. Greuzard a remis au GRAT une hache ramassée par son grand-père maternel juste après la guerre de 1914-18 à Ménetreuil ou à la Chapelle-Thècle. Elle était conservée dans sa famille et servait parfois d’aiguisoir à couteau. C’est un objet de belle facture mesurant 15,3 cm de longueur pour un poids de 505 g. Il est tiré d’un matériau sombre, relativement tendre, qui n’a pas encore pu être déterminé. Le polissage qui s’étend à toute la pièce a été suivi d’un piquetage du talon destiné à améliorer l’emmanchement. La qualité de son façonnage, sa symétrie parfaite en font plus qu’un simple outil à abattre. On a sans doute affaire à une hache de prestige rendant compte du statut social élevé de son propriétaire.

Rue des Fontaines (Laives)

GRAT 2017 - silex de Laives (collection particulière)
Une sélection des pièces de la collection (A : lamelles brutes ou retouchées – B : pointe de flèche perçante foliacée – C : troncature oblique sur lamelle)

Michel Perche, habitant rue des Fontaines à Laives, a réuni au fil des années une petite série de silex qu’il a ramassés en jardinant dans le terrain attenant à sa maison. En nous confiant ce mobilier le temps de son analyse, il nous a permis d’étudier des documents provenant d’une zone urbanisée ordinairement inaccessible à nos prospections.
Sa collection ne compte que 44 pièces mais elle présente pourtant un réel intérêt. Les objets ont été trouvés sur une surface réduite bien localisée. Elle comporte des artefacts discriminants (lamelles, pointe microlithique, pointe de flèche archaïque) qui suggèrent une attribution à un Néolithique ancien.

DATATION 14C

A l’initiative de Pierre-Jérôme REY qui a repris l’étude du mobilier céramique de la fosse de la Condemine au Villars, nous avons soumis à une analyse 14C un nouvel échantillon de charbon de bois sélectionné après une détermination des essences par Claire DELHON

Poz.-94224 : 5390 ± 40 BP soit de -4339 à -4068 cal BC.
Ce résultat confirme la première datation obtenue pour cette fosse.

LY. – 8046 : 5225 ± 55 BP soit de – 4213 à -3945 cal BC
Cette fosse foyère a donc fonctionné au cours du dernier quart du cinquième millénaire avant notre ère.

ANIMATIONS

Les animations permettent de sensibiliser un grand nombre de personnes à la conservation du patrimoine archéologique et d’entretenir un tissu de relations permettant de prendre connaissance de découvertes fortuites.

Animations scolaires

13 avril – Sortie cadoles au bénéfice d’une classe de seconde du lycée horticole de Tournus

16 juin – Ateliers préhistoire à Uchizy dans le cadre des Journées Nationales de l’Archéologie

Animations grand public

Conférences sur les voies romaines.
Jacques Mattéo et Jean Duriaud ont donné leur conférence à 6 reprises au cours de l’année : le 18 mars à Mâcon pour l’association Semina, les 4 mai, 8 juin, 27 juillet et 21 septembre à Bourbon-Lancy et le 9 novembre à Sennecey-le-Grand à l’invitation de l’Office du Tourisme.

9 mai – Sortie au château de Lourdon à Lournand.
Cette visite a permis à 20 personnes de visiter les restes spectaculaires du château de Lourdon à Lournand mis en valeur par l’association castrum lordo ainsi que les abords du site.

10 juin – Sortie géologique dans deux carrières du Mâconnais.
Aux carrières de la Lie d’abord, nous avons été reçus par Jean Tissier, le président de l’association qui gère le site pour une visite guidée très détaillée.
Nous avons également pu voir les débuts de la construction d’un four de tuilier gallo-romain dirigée par Daniel Barthèlemy, archéologue à l’INRAP.
Pierre Raynard, géologue, nous a ensuite présenté les carrières de Rampon à Verzé où un parcours pédagogique a été mis en place depuis quelques années.

17 et 18 juin – Participation aux Journées de l’Archéologie

GRAT 2017 expo (Journées archéologiques) à Uchizy
Une vue partielle de la salle d’exposition

Ces Journées ont été l’occasion d’une animation sur la préhistoire à Uchizy en partenariat avec l’association la Musardine.

GRAT 2017 inauguration d'expo (Journées archéologiques) à Uchizy
Pendant le discours inaugural

Une exposition a rassemblé une vingtaine de dessins d’outils préhistoriques réalisés par Louis Malval et choisis parmi près de 800 œuvres représentant les pièces de sa collection. Cet accrochage était couplé à une présentation de témoins de la préhistoire récoltés par le GRAT sur Uchizy et Farges.
Une conférence faisant le point sur le passé préhistorique de ces deux communes et des ateliers sur l’allumage du feu avec silex et marcassite sont venus enrichir ces Journées qui ont rencontré un fort succès populaire.

3 septembre – Les ateliers voûtes ont été proposés aux participants de Musique en voûtes dans la salle communale de Bellefond (21)

17 septembre – A l’occasion des Journées du Patrimoine, les ateliers voûtes ont cette année encore permis à un très grand nombre de personnes visitant l’abbaye Saint-Philibert de s’initier aux techniques employées par les bâtisseurs du Moyen Age pour la construction des édifices romans.

30 septembre – Nous avons accueilli le groupe Caput mundi pour une animation d’une journée axée sur les voûtes encorbellées ou clavées. Les visites des cadoles du Roy Guillaume le matin puis de l’église abbatiale en début d’après-midi ont été suivies de travaux pratiques sous le cloître avec les ateliers arcs et voûtes.

PUBLICATIONS

Articles

  • DURIAUD J., 2017 – Rapport d’activités 2016 du GRAT, Bulletin de la SAAST, tome CXV, p. 105 à 114
  • DURIAUD J, LYAUTEY J., 2017 – Les sépultures du haut Moyen Âge découvertes à Chardonnay, Bulletin de la SAAST, tome CXV, p. 19 à 34
  • FLOSS H., DURIAUD J., HOYER C., HUBER H., MEUNIER N., PAUTRAT Y., SEITZ R., 2017 – L’art mobilier de Senozan. Une gravure sur galet et une sculpture sur silex d’un nouveau site gravettien en Bourgogne méridionale dans « L’art au quotidien – Objets ornés du Paléolithique supérieur » – Actes du colloque international Les Eyzies-de-Tayac, 16-20 juin 2014, PALEO, numéro spécial, 2016, p. 621 à 633

Rapport d’opération

  • DURIAUD J., RUÉ M., 2017 – Rapport de prospection-inventaire 2016, SRA Bourgogne, 123 p.

COMMUNICATIONS

Le 5 mars, lors de la Journée archéologique départementale à Azé

DURIAUD J. – Prospection-inventaire 2016 : les faits majeurs

Le 1er octobre, lors de la Journée archéologique départementale à Chagny

DURIAUD J. – Prospection-inventaire 2017 : bilan des activités 2016-2017

ACCUEIL DE CHERCHEUR

L’archéologue Pierre-Jérôme REY a repris l’étude des céramiques issues de la fosse de la Condemine au Villars fouillée en 1996. Les charbons de bois récoltés au cours de ces travaux ont été déterminés par Claire DELHON, chargée de recherche au CNRS. Un charbon provenant d’une essence d’arbre à croissance rapide a ainsi pu être sélectionné pour une datation 14C.