Rapport d’activités 2011

Extrait du bulletin de la SAAST 2011

ARCHÉOLOGIE DE TERRAIN

Senozan

La station gravettienne de Senozan a fait l’objet d’un nouveau ramassage systématique restreint à la zone de plus forte densité mesurant 3 000 m². 445 objets ont été attribués au Paléolithique, le Néolithique ne livrant que 19 pièces dont une armature tranchante.

Les lames et lamelles brutes ou retouchées représentent cette année 30,1 % des enlèvements récoltés soit sensiblement le même pourcentage que les années précédentes (27,9 % en 2009 et 31,9 % en 2010).

Le très faible nombre d’outils sur éclat (2) souligne particulièrement bien la stratégie des tailleurs gravettiens de Senozan orientée vers la production de supports allongés. L’outillage récolté qui n’est pas représentatif du mobilier habituellement retrouvé sur les habitats montre clairement que l’on a affaire à un site spécialisé.

Lames appointies - gravettien (Senozan)Lames appointies.

Burgy

L’association Vallon Ensemble de Burgy nous a demandé de chercher la présence éventuelle de vestiges archéologiques dans le périmètre d’extension d’une carrière. La zone concernée par les travaux à venir est boisée et le tapis de feuilles interdit pratiquement toute lecture des sols. En bordure immédiate du sentier faîtal, nous avons pu néanmoins ramasser trois minuscules éclats de silex, déchets de taille issus de blocs de matière première provenant selon toute vraisemblance des gîtes du nord mâconnais comme ceux du bois de Naisse. Par la suite, d’autres silex taillés ont été récoltés au même endroit. Le débitage plaide pour une attribution de l’industrie au Mésolithique. Tout indique que des préhistoriques ont stationné ici et taillé des outils mais rien ne permet pour l’instant de préciser la nature du site ni son extension en raison du manque de visibilité. A une cinquantaine de mètres au nord-est de ce secteur de découvertes, on note la présence d’un pierrier circulaire dont la régularité du contour le démarque des nombreux tas de rejets associés à des exploitations d’affleurement de grès. Seul un sondage permettrait de savoir si l’on a affaire à un tumulus.

En Lorette (Tournus)

Le chantier de construction d’une nouvelle station d’épuration au sud de Tournus a généré d’importantes coupes de terrain situées à une centaine de mètres de la rive droite de la Saône, au lieu-dit En Lorette. De février à avril 2011, le suivi régulier des travaux de creusement a permis de déceler plusieurs phases d’occupation s’étageant du Néolithique aux âges du Fer, intercalées le long d’une séquence stratigraphique limoneuse développée sur plus de 4 m d’épaisseur.

Cinq ensembles stratigraphiques présentant un pendage régulier vers le sud-est ont été distingués. Au plus récent peuvent être rapportés deux fossés vraisemblablement médiévaux. On trouve ensuite un niveau livrant des vestiges du Hallstatt puis une unité incluant une nappe de pierres dense interprétée comme un aménagement de sol. Elle surmonte un ensemble limono-sableux, gris sombre tacheté, à mobilier néolithique épars (épaisseur environ 60 cm) qui évoque le tout début du Néolithique moyen. L’unité la plus profonde, d’origine fluviatile, s’enrichit à sa base en galets et blocs gréseux volumineux dépassant parfois plusieurs dizaines de kilogrammes. Un gros éclat intentionnellement débité et retouché en racloir évoque des productions du Paléolithique inférieur.

L’exploitation en cours des données recueillies sur le site de Lorette et l’obtention de datations radiocarbones permettront d’alimenter précieusement le cadre chronostratigraphique de la vallée de la Saône dans la région de Tournus.

coupe stratigraphique d’un fossé entaillant les limons supérieurs (En Lorette - Tournus)Une des coupes d’un fossé entaillant les limons supérieurs.

Champlieu (Etrigny)

Le GRAT est déjà intervenu en 2009 et 2010 sur le lotissement de Champlieu à Etrigny. En août 2011, le projet d’un décaissement portant sur une zone de 70 m² préalablement à la construction d’un parking a motivé une nouvelle opération.

Un niveau remanié, contenant des céramiques protohistoriques (probablement de la fin du premier âge du fer), recouvre l’ensemble de la zone décapée. Un large fossé antique au profil en V a été partiellement fouillé. Son remplissage était scellé par un niveau charbonneux d’époque gallo-romaine qui peut être interprété comme une zone liée à la crémation des défunts. Une fosse signalée par un petit tas de pierres pourrait être une sépulture à incinération ou une fosse de résidus de crémation.

Trois grandes fosses de 80 cm de profondeur livrant du matériel carolingien (début du IXe siècle ?) ont été partiellement fouillées. Elles s’inscrivent vraisemblablement dans une aire d’ensilage.

Au total, 17 trous de poteaux ont été distingués lors du décapage. Certains d’entre eux se rattachent probablement à l’occupation gallo-romaine tandis que d’autres sont liés à l’occupation carolingienne.

Ces nouvelles investigations apportent des données sur la nature du site. Elles documentent non seulement l’occupation gallo-romaine des lieux mais également le premier âge du Fer, méconnu dans la région, et nous renseignent sur les premiers habitants de Champlieu à l’époque carolingienne.


Le Champ de Foire (Tournus)

L’extension vers le nord du parking du Champ de Foire à Tournus a demandé des décapages étendus. Sur la plus grande partie du site, seule la terre végétale a été enlevée, le terrain étant à une altitude inférieure à celle de l’actuel parking. En revanche, dans le quart nord-est de l’emprise des travaux, les décaissements ont entamé le pied du versant sur une profondeur maximale de 1,70 m.

Le dégagement d’un fragment de panse d’amphore, seul élément décelé en surface, a débouché sur la découverte d’un fossé reconnu sur 17 m de longueur mais dont le remplissage, dans les zones les mieux conservées, ne dépassait pas 10 cm d’épaisseur. Le fond tapissé de petites pierres encroûtées de calcaire a livré de très nombreux tessons d’amphores vinaires. Cette structure gauloise que l’on peut situer aux alentours de 75 av. J.-C. n’est pas sans rappeler le fossé découvert en 1971, 250 m plus à l’ouest, lors de la construction de la poste.

Fragments d’amphores vinaires : lèvre, anses, fond et pointe (Champ de Foire - Tournus)Fragments d’amphores vinaires : lèvre, anses, fond et pointe.

La maison Boudier (Tournus)

L’ancienne maison Boudier située 11 place de l’Abbaye est le seul bâtiment du site abbatial que Benjamin Saint-Jean-Vitus n’a pu visiter au cours de ses recherches conduites dans le cadre de sa thèse sur Tournus. Rachetée récemment par M. Martens, la maison a fait l’objet d’une restauration complète sous la surveillance de l’architecte des Bâtiments de France. Le piquetage des enduits sur les murs aussi bien extérieurs qu’intérieurs a dévoilé en partie l’histoire mouvementée de cet édifice que l’on soupçonne avoir été bâti au cours du XVe siècle.

Nous avons aidé Jean-Paul Bourguignon à réaliser la couverture photographique des murs intérieurs après la pose d’un carroyage métrique. Des analyses dendrochronologiques nous ont appris qu’une partie des bois de la charpente actuelle provenait de deux campagnes d’abattage successives datées de 1581 et 1582.

Maison Boudier (Tournus)Vue de la maison Boudier. Appuyée contre la face externe du rempart du site abbatial, la maison inclut une tour de l’enceinte. Le mur nord, très remanié au cours du XIXe siècle, conserve encore de curieux oculus à remplage quadrifolié de la construction d’origine.

La Saône (Préty)

Les berges de la rive gauche situées sur la commune de Préty font l’objet de prospections régulières. Les crues libèrent en effet des vestiges allant du Néolithique à la période romaine. Afin de mieux situer ce mobilier dans la succession des dépôts, et l’exploiter d’un point de vue chronostratigraphique, nous avons cette année décidé de poursuivre les relevés de la berge. La dernière coupe levée dans ce secteur remonte à 2003. La berge de Vis-à-vis le Villars présente une succession assez exceptionnelle de dépôts limoneux sur près de 200 m de long et plus de 3 m de haut. Les niveaux sombres à structure polyédrique, que l’on distingue plus ou moins bien selon les conditions de luminosité et d’humidité, sont interprétés comme d’anciens horizons de surface qui marquent probablement des phases de stabilité du système fluvial. L’un d’entre eux est particulièrement bien visible dans la partie médiane de la berge.

Un relevé a été réalisé à l’endroit où la berge est la plus verticale et la plus haute, soit 3,80 m. Dix-neuf unités ont été distinguées. Un fragment d’omoplate de suidé a été prélevé dans l’unité 17,10 m au nord de la colonne étudié. Sa datation calera chronologiquement la base de la berge.

Berge rive gauche de la Saône à PrétyVue de la berge étudiée.
Les couches sombres se sont formées au cours de phases de stabilité du système fluvial.

ANIMATIONS

Les animations grand public ont pris le pas cette année sur celles destinées aux scolaires dont l’essentiel a été pris en charge par Murielle Bonin.

Animations scolaires

Au cours de l’année scolaire 2011, nous avons encadré 2 CE2 à Crêches sur Saône sur le thème de la taille du silex, reçu 2 classes de cinquième du collège de Saint-Marcel à Tournus pour la construction d’arcs et de voûtes. L’école Raymond Dorey a bénéficié de 6 interventions dont 4 au musée Greuze.

Animations grand public

Salon des Sociétés Savantes

Notre association a consacré la journée du 12 mars à la tenue d’un salon des Sociétés Savantes et Associations culturelles auquel ont participé de nombreuses associations du département. Les stands présentant les activités de chacune d’entre elles étaient installés dans le Cellier et le Réfectoire des Moines du site abbatial de Tournus. Les communications ont été suivies d’une table ronde s’interrogeant sur l’avenir des Sociétés Savantes au XXIe siècle.

Conférence au musée Greuze

Le 8 avril, dans l’auditorium du musée Greuze, nous avons présenté le bilan de la prospection-inventaire 2010 en insistant plus particulièrement sur le site gravettien de Senozan, les travaux du gazoduc à Fleurville et Saint-Albain, l’atelier de haches polies du Villars et la statuette gallo-romaine en bronze provenant de Mancey.

Exposition de Mercurey

Répondant favorablement à la demande de l’association pour la sauvegarde du Patrimoine de Mercurey, nous avons proposé le samedi 9 avril dans la salle polyvalente du village des ateliers sur la taille et l’utilisation du silex dans le cadre d’une exposition sur les métiers d’hier et d’aujourd’hui.

Sorties archéologiques

Le dimanche 8 mai, nous avons conduit un groupe de plus de 30 personnes à la découverte du site préhistorique de Solutré avec sa roche et son musée, du site du Monsard caractérisé par son enceinte double défendant la pointe de l’éperon et de la grotte d’Azé.

Le 19 août, un petit groupe a pu découvrir la plupart des menhirs gravés du département en passant par Epoigny, Broye, Massy, Saint Clément-sur-Guye et la Chapelle-sous-Brancion.

Journées de l’archéologie

A l’occasion des Journées de l’Archéologie initiées par l’INRAP, nous avons accueilli le public au musée Greuze les samedi et dimanche 21 et 22 mai. Après avoir exposé un tableau de la recherche archéologique en France illustré par deux courtes vidéos produites par l’INRAP, nous avons présenté en détail 4 pièces archéologiques majeures tirées des collections du musée avant de commenter une visite des salles archéologiques.

Les aiguilles à cataracte de MontbelletLes aiguilles à cataracte de Montbellet.


Journées archéologique de l’Ain

Nous avons été sollicités par le Conseil Général de l’Ain pour conduire des animations à l’occasion des premières journées archéologiques tenues dans ce département. Le dimanche 9 octobre, un très nombreux public a participé à nos ateliers Préhistoire installés dans une salle du musée départemental de Saint-Cyr sur Menton.

Journées du patrimoine

Nos ateliers « arcs et voûtes » ont retrouvé leur place habituelle dans l’aile nord du cloitre de l’abbaye le temps des journées du Patrimoine les 17 et 18 septembre. De nombreux visiteurs ont été agréablement surpris de pouvoir participer à de telles activités lors de leur visite du site abbatial.

COMMUNICATIONS ET PUBLICATIONS

Communications

Salon des Société savantes à Tournus

  • Jean DURIAUD – Le rôle des Sociétés Savantes dans la recherche archéologique.

Journée archéologique départementale à Chalon-sur-Saône

  • Jean DURIAUDBilan d’une année de prospection-inventaire en Tournugeois.
  • Mathieu RUÉStratigraphie des bords de Saône : les séquences de Lorette à Tournus et des Essards à Préty.

Articles

  • DURIAUD J., RUÉ M., COMPAGNON G. – Activités du GRAT 2010, Bulletin de la SAAST, tome CIX, 2011, p. 12-22.
  • COMPAGNON G. – La nécessité de respecter le cadre réglementaire protégeant le Patrimoine archéologique dans la Préhistoire dans les pays beaujolais, Résurgences n°32, 2011, p.6-13.
  • COMPAGNON G. (directeur de publication) – Halte au pillage, Editions Errance, 2011, 448p.

Rapport d’opération

  • DURIAUD J., RUÉ M., COMPAGNON G. – Archéologie en Tournugeois, rapport de prospection-inventaire 2010, SRA Bourgogne, GRAT, 2011, volume 1 – 88 p., volume 2 – 49 p.

ACCUEIL D’ÉTUDIANTS

Dans le cadre d’un master 2, Adeline FERNIER est venue à plusieurs reprises à Tournus pour étudier les poteries exhumées par André GAUDILLERE sur l’officine du Dézaret (commune de Saint-Ambreuil).

Dans les locaux du GAM à Mâcon, nous avons prêté main forte à Elise CORMARECHE, titulaire d’une licence d’archéologie, pour l’étude d’une série lithique récoltée sur le site néolithique de la Roche Bregnat à Bussières.

 

Principaux partenaires du GRAT :