Extrait du bulletin de la SAAST 2009
ARCHÉOLOGIE DE TERRAIN
Paléolithique
Le site de Senozan sur lequel Patrick GUILLEMAUD avait récolté en 2007 une trentaine de lames d’excellente facture a fait l’objet d’un ramassage systématique qui est venu confirmer les dires de l’inventeur évoquant une nappe de vestiges limitée à une très petite surface. Les investigations qui ont porté sur 140 carrés d’un are chacun ont permis non seulement de localiser précisément le point de très forte concentration mais aussi de montrer que la parcelle recèle également des silex concassés ou naturels à mettre en rapport avec la RN6 qui se superpose ici à la Via Agrippa et qu’elle livre aussi quelques témoins néolithiques. Parmi les lamelles recueillies, on compte plusieurs fragments de pointes de la Gravette qui permettent d’attribuer le gisement au Gravettien.
Mésolithique
Cette période encore mal représentée dans le secteur collinaire de la rive droite de la Saône a livré quelques éléments caractéristiques à Farges sur une station livrant également des témoins d’un Néolithique ancien et à Uchizy où, là, on a affaire à des objets isolés.
Néolithique
Diverses stations connues ont fait l’objet d’investigations complémentaires, ramassages systématiques après carroyage du terrain ou prélèvements sélectifs avec repérage des objets. De nouvelles parcelles jusqu’alors non parcourues ont fourni des vestiges attribuables au Néolithique. Champ-Villars a encore donné un bon échantillon d’éléments en pierre verte (métabasalte) témoins de la fabrication de haches polies sur la station même.
Protohistoire
Sur la commune d’Etrigny des vestiges protohistoriques illustrant plus spécialement la période de la Tène ont été ramassés en surface et trouvés pour certains en place dans des fosses révélées par le creusement d’un bassin de rétention.
Gallo-romain
Bruno Voituret nous a signalé que des emprunts réalisés à Charcuble pour amender des vignes de Cruzille renfermaient des tuiles romaines. L’examen de la « carrière » d’où la terre était extraite n’a pas permis d’emblée d’interpréter la structure en voie de démantèlement visible au sommet du front de taille. Il a fallu procéder à un raclage superficiel pour voir apparaître les restes d’un bâtiment dont il ne subsistait plus que le mur ouest et deux retours en direction de l’est conservés sur 1 m environ. Après avoir obtenu l’autorisation de dégager le peu de sol intérieur conservé, nous avons pu comprendre que l’on avait affaire à un atelier de métallurgiste dans lequel on avait travaillé le bronze et le fer.
La prospection aérienne du 17 mai a permis le repérage d’un probable grand enclos fossoyé en rive droite du Grison sur la commune de Nanton. La vérification au sol a montré qu’il renferme les restes d’une petite construction antique. Toujours sur la commune de Nanton, une parcelle a livré des fragments d’olas côtelées en verre bleuté qui pourraient bien trahir la présence d’une nécropole à incinérations touchée par les labours profonds.
Pour la première fois depuis plus de cinquante ans, les prés recouvrant une partie des vestiges de la grande villa romaine de Belnay à Tournus ont été labourés puis plantés en maïs. Les prospections qui ont profité d’une très bonne visibilité ont permis de repérer des concentrations de pierres, de tuiles et de tessons situées parfois en dehors de l’emprise connue de la villa. Un survol aérien a fourni l’occasion de visualiser ces zones de forte densité correspondant à des dépendances annexes de la villa ou, pour un cas au moins, à une voie d’accès. Plusieurs éléments attribuables au Néolithique ont également été ramassés dont notamment deux haches polies en roche verte.
Moyen Age
La réfection de la grande rue de Tournus a fait l’objet de nombreuses visites car son tracé est supposé reprendre celui de la Via Agrippa. Le sous-sol de cette artère apparaît comme très remanié par l’installation de nombreux réseaux. En de rares endroits, nous avons cru pouvoir discerner des lambeaux de sol en place mais rien ne nous a semblé pouvoir correspondre aux fondations d’une route romaine.
En face de l’église Sainte-Madeleine construite au coeur de l’ancien castrum romain, la pelle a crevé deux voûtes couvrant, sous la chaussée actuelle, deux espaces vides de terre. Les observations effectuées à la suite de cette découverte ont montré que l’on avait affaire à la cave d’un bâtiment gothique frappé d’alignement à la fin du XVIIIe siècle. Son pignon en forte saillie sur la rue a alors été reculé de 2,50 m pour les besoins de la circulation. La partie des caves qui allait désormais se trouver sous la rue n’a pas été remblayée. Les propriétaires de l’immeuble se sont contentés d’étayer la voûte et ont longtemps conservé l’accès à cet espace qui semble n’avoir été condamné qu’à une date relativement récente.
Epoque moderne
En réalisant des travaux devant le seuil de la cave de sa maison implantée dans le quartier de l’église de Mancey, Jean-Marc Perret a mis au jour des ossements appartenant à plusieurs individus. Une fouille très ponctuelle limitée à la zone touchée par la pioche a permis de dire que l’on avait affaire à des sépultures en place antérieures à la maison qui remonte au XVIIIe siècle. De très nombreux corps ont été rencontrés sur moins de trois mètres carrés, les inhumations les plus récentes étant venues très souvent remanier les premiers corps enterrés.
Une parcelle à l’abri des détecteurs de métaux
Depuis fin août 2009, un site archéologique du Tournugeois est équipé d’un appareil capable de repérer le signal émis par le passage d’un détecteur de métaux. En plus de rendre inopérant le détecteur, ce système parfaitement dissimulé permet d’envoyer une alerte par SMS à plusieurs personnes. Le prototype, mis au point par deux électroniciens en partenariat avec une école d’ingénieurs de Valence et l’association HAPPAH, a été placé dans un secteur archéologique régulièrement pillé de son contenu métallique.
ANIMATIONS
Depuis le 1er janvier, nous n’accueillons plus de classes à Solutré mais une des animatrices du musée a repris nos ateliers après être venue plusieurs fois dans nos locaux pour profiter de nos conseils. Nous recentrons dorénavant nos animations sur Tournus en accueillant des scolaires dans la salle pédagogique du musée Greuze tout en développant parallèlement des actions visant un public plus large. Murielle Bonin a par ailleurs été réembauchée à partir du 1er septembre pour une durée de 6 mois sur un contrat CAE.
Animations scolaires
Au cours du premier semestre 2009, huit classes sont venues à Tournus soit pour des ateliers « silex » soit pour des activités centrées sur la période romane (visite de l’abbaye et ateliers voûtes). Depuis la rentrée de septembre, nous accueillons gratuitement les classes primaires de Tournus qui le désirent pour des animations dans les locaux du musée Greuze. 11& classes sont ainsi venues pour s’initier à l’utilisation du silex, aux jeux antiques ou à la création de mosaïques.
Le 1er décembre, à l’invitation du Centre du Patrimoine Jurassien, nous nous sommes rendus à Lons-le-Saunier pour proposer nos ateliers silex à trois classes venues au musée visiter une exposition sur le Paléolithique.
Animations grand public
Les organisateurs de la Saint Vincent tournante 2009 qui se déroulait pour la première fois en Mâconnais à Mâcon, Pierreclos et Chardonnay nous ont demandé de participer à l’animation de cette fête. Le lien entre la cave et les voûtes étant facile à faire, nous avons donc installé, les 24 et 25 janvier, nos différents ateliers dans l’église de Chardonnay. La pluie du samedi et l’affluence du dimanche ont fait que plus d’un millier de visiteurs, heureux de trouver un abri ou intéressés par des exercices originaux, se sont arrêtés devant nos stands et un grand nombre d’entre eux ont tenté de construire un arc ou une voûte.
Le 9 février au musée Greuze, nous avons présenté nos ateliers voûtes à des médiateurs du Patrimoine venus de Lons-le-Saunier, Bourg, Chalon-sur-Saône et Chevreaux afin qu’ils puissent mettre en place cette activité dans leur ville respective. Suite à cette intervention, nous avons reçu à Tournus le samedi 14 mars un groupe de l’association Chevreaux-Châtel qui restaure un château médiéval proche de Cuiseaux et qui allait entreprendre en 2009 la couverture voûtée d’une grande cave. Nous nous sommes ensuite rendus sur place le 31 juillet pour assister au décoffrage de leur voûte. A noter que suite à ces échanges, Dylan Bonin de Plottes a participé à deux stages d’initiation à la construction de voûtes à Chevreaux.
Les 17 et 18 juin 2009, en partenariat avec Benjamin Saint-Jean-Vitus, archéologue de l’INRAP, nous avons de nouveau encadré une formation d’enseignants stagiaires entrant dans le cadre des journées culturelles de l’IUFM de Bourgogne. Le thème, « archéologie et lecture de paysages rural et urbain » nous a entraînés à Brancion d’abord puis à Tournus le second jour avec chaque fois un passage au musée Greuze pour une présentation des ateliers proposés par le GRAT aux scolaires.
L’association paléontologique Gaïa de Tournus nous a sollicités pour compléter leur exposition sur les fossiles et minéraux. Les 4, 5 et 6 juillet nous avons donc présenté une exposition montrant l’évolution des outils préhistoriques en Tournugeois accompagnée d’ateliers sur la taille du silex. Plusieurs des panneaux créés pour l’opération « Trente ans d’archéologie en Saône-et-Loire » ont été ressortis pour l’occasion.
Murielle Bonin qui a plus spécialement travaillé sur les jeux antiques en a proposé plusieurs lors des journées portes ouvertes organisées les jeudis du mois de juillet par la ludothèque de Tournus dans la cour de l’école de l’Esplanade.
Le 31 juillet, le Centre de Loisirs de Tournus nous a invités à sa fête de fin de premier séjour pour animer des ateliers préhistoire. Les enfants ont pu ainsi utiliser des silex taillés pour réaliser différentes tâches et s’essayer à l’allumage du feu.
Les Ecrouats, une association de Plottes participant à l’animation de son village, a organisé pour la première fois cette année une manifestation intitulée « les talents méconnus ». Elle donnait ainsi à des amateurs, peintres, potiers ou autres, l’opportunité d’exposer leurs réalisations. Le GRAT était sur place le dimanche 30 août pour montrer des objets en silex imitant des outils préhistoriques et proposer des démonstrations de taille.
Les 19 et 20 septembre, nous avons de nouveau participé aux Journées du Patrimoine en réinstallant nos ateliers voûtes dans le cloître de l’abbaye Saint-Philibert. Le succès rencontré a été encore plus important que l’an passé en raison de la publicité qui avait annoncé l’animation.
Le 10 octobre, l’inauguration de la cadole restaurée cette année sur Mancey au lieu-dit Beauvoir nous a fourni l’occasion d’évoquer le passé de cette commune sur le territoire de laquelle le GRAT est souvent intervenu pour des ramassages de surface ou des fouilles.
Du 22 au 25 octobre, quelques-uns de nos jeux ont été installés au Madeleine Palace à l’occasion de la semaine jeux initiée par la ludothèque.
Le 24 octobre, nous avons animé le parcours proposé par la Réserve de la Truchère dans le cadre du Jour de la Nuit. Installés sur les hauteurs de la ville à l’Ormeteau, nous avons évoqué les différentes méthodes mises en œuvre par les hommes préhistoriques pour obtenir du feu puis les dispositifs inventés d’utilisation de la flamme pour s’éclairer. Une cinquantaine de participants ont pu s’essayer à l’allumage du feu par percussion et profiter de la nuit tombante pour tester plusieurs modes d’éclairage : foyer, lampe à graisse, torches.
Du 1er janvier au 31 décembre 2009, notre site internet a reçu 13 994 visites et 33 564 pages ont été consultées.
COMMUNICATIONS ET PUBLICATIONS
Jean DURIAUD a présenté une communication à la journée archéologique du CDRA71 à Palinges le dimanche 4 octobre pour évoquer les découvertes majeures de la campagne 2009 en Tournugeois.
La sortie de l’ouvrage devant marquer les 40 années du GRAT a pris du retard mais le projet est maintenant sur le point d’aboutir, l’essentiel des articles étant maintenant remis. La mise en page se poursuit et l’impression sera réalisée fin 2010.
Articles
- DURIAUD J., RUÉ M., 2009 – Activités du GRAT 2008. Bulletin de la SAAST, tome CVII, p. 27-34.
- DIGAN M., RUÉ M., FLOSS H., 2009 – Le Gravettien entre Saône et Loire : bilan et apports récents. Paléo, 20, p. 291-304.
Rapport d’opération
- DURIAUD J., RUÉ M., COMPAGNON G., 2009 – Archéologie en Tournugeois, rapport de prospection-inventaire 2008, SRA Bourgogne, GRAT, 137 p.
COLLABORATIONS DIVERSES
Comme souvent, le musée Greuze fait appel à nous pour renseigner les étudiants ou les chercheurs intéressés par des objets découverts dans notre région. Nous avons reçu Laurie TREMBLAY-CORMIER dont la thèse en cours porte sur les objets de l’âge du bronze et correspondu avec André MARBACH qui étudie les faux romaines. Par ailleurs nous avons reçu Aurélie CROWCH, archéologue à Archéodunum, pour examiner les silex récoltés en fouille aux Prés Rémond à Varennes-les-Mâcon et nous nous sommes rendus à Péronne pour donner notre avis sur le matériel néolithique retrouvé au cours du diagnostic entrepris par l’INRAP sur le tracé du gazoduc.
Principaux partenaires du GRAT :
- DRAC de Bourgogne, SRA, Service Régional de l’Archéologie, Dijon
- Ville de Tournus, Hôtel-Dieu Musée Greuze
- Conseil Départemental de Saône-et-Loire
- CDRA 71, Comité Départemental de la Recherche Archéologique de Saône-et-Loire
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