La figure de la nourrice dans l’œuvre graphique de Jean-Baptiste Greuze

Quand

jeudi 3 juillet 2025    
18 h 00

Auditorium de l'Hôtel-Dieu de Tournus
21 rue de l'Hôpital, Tournus, 71700

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La figure de la nourrice dans l’œuvre graphique de Jean-Baptiste Greuze

Jeudi 3 juillet 2025, 18 h
Auditorium de l’Hôtel-Dieu de Tournus

Affiche de la conférence du 3 juillet 2025 "La figure de la nourrice dans l'oeuvre graphique de Greuze" par Emmanuelle BrugerollesConférence d’Emmanuelle Brugerolles, conservatrice générale honoraire du patrimoine, directrice d’études émérite à l’École Pratique des Hautes Études

Artiste majeur du XVIIIe siècle français, Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) doit, pour l’essentiel, sa notoriété à ses portraits et scènes de genre, traitant de sujets moralisateurs, le plus souvent liés à la sphère familiale.

Cette communication vise à évoquer une des représentations les plus significatives de la famille que le peintre ait traitées, celle de la mise en nourrice des enfants, qui dans les années 1760 s’est généralisée en France. Cette pratique a fait l’objet, au cours des dernières décennies, d’études approfondies d’historiens qui l’ont abordée notamment du point de vue social et économique, dans ses implications touchant aux mentalités et aux pratiques religieuses.

Les artistes de l’époque – peintres, dessinateurs et graveurs – ont pour la plupart traité ce sujet sur le mode de la scène de genre, c’est-à-dire, sous l’influence nordique, de la peinture de la vie quotidienne, des us et coutumes.

Les épisodes représentés sont notamment le choix de la nourrice par une famille bourgeoise et les tractations financières qui en sont le corollaire ou la visite rendue par les parents à leur enfant au domicile de la nourrice.

Ils sont l’occasion de décrire le cadre de vie modeste des nourrices et le contraste avec la mise et les attitudes de parents issus de la bourgeoisie parisienne.

Greuze choisit un parti différent en situant généralement son sujet non chez la nourrice dans le cadre modeste voire pauvre où l’enfant va évoluer mais au cœur du foyer, dans ou devant la maison familiale. Il s’intéresse au drame en deux scènes – conçu comme un diptyque – que représente au sein d’une famille le départ puis le retour d’un enfant confié à une nourrice.

A travers plusieurs versions dessinées, il rend compte des sentiments éprouvés par les membres de la famille, désemparés devant une séparation déchirante puis au moment des retrouvailles, lorsque l’enfant est devenu un étranger.

Ce désarroi contraste avec l’attitude pleine d’assurance et de sérénité de la nourrice, placée au centre de la composition dont elle est le cœur ou la clef de voûte.

La mise en valeur de ses formes généreuses en fait l’incarnation de la maternité, devant laquelle la mère apparaît effacée et inquiète, hors d’état de jouer son rôle, cependant que le père se mue en témoin ou en portefaix.

Cette communication s’attachera à mettre en évidence les partis originaux qu’incarnent les compositions de Greuze, sa conception de la « vérité » de la représentation qu’il propose et l’idée qu’il se fait de la « peinture morale », selon les termes forgés par Diderot dans ses Salons.

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